JAZZ IN, 6th June 2024 (Piano Solo Concert Review)

Arles, entre émotions et enthousiasme

Revoilà le mois de mai qui annonce la belle époque du jazz à la Chapelle du Méjan à Arles. Pour ma part, je ne pouvais assister qu’à une soirée sur les quatre prroposées. Il était difficile de choisir parmi une riche programmation, cependant celle du jeudi 23 mai a été particulièrement réjouissante et totalement réussie.

En première partie se produisait une pianiste coréenne injustement méconnue, Francesca Han. Débutant très jeune en Corée, elle s’installe dans le Sud de la France en 2019 après plusieurs années passées à New York et au Japon qui la voit collaborer à de nombreux projets. Le disque “Exude” avec le trompettiste Ralph Alessi en 2021, enregistré au studio de La Buissonne, la fait sortir avec bonheur de l’ombre en France et c’est avec plaisir que j’avais hâte de l’entendre, ayant été fort séduite par ce duo.

Il en est ressorti une émotion énorme, dans un cadre qui convenait à merveille au toucher délicat et à la sensibilité rare de cette pianiste aux confins du jazz et du classique. J’irais même jusqu’à dire que c’est la version féminine d’un Bill Evans, avec des pauses et des respirations, laissant des silences suspendus dans le vide dans une composition justement influencée par ce dernier à travers Blue in Green. Sa première composition Camargue était également très inspirée au sens propre et figuré, par les paysages de notre région ; tandis qu’une autre l’était par le Countdown de John Coltrane. La pianiste s’arrête, nous parle en nous expliquant ses sources, avec une élégante sobriété à l’image de son jeu, puis continue sur un reconnaissable Love in Outer Space de Sun Ra, entrelacé avec Le Musichien du pianiste François Tusques. Les applaudissements sont nourris devant tant de dextérité. Elle terminera son concert sur une interprétation de Think of One de Thélonius Monk, avant d’être rappelée avec ferveur et de nous gratifier à l’occasion de la fête des Mères prochaine d’un magnifique Mélancholia composé par Duke Ellington pour sa mère. Une première partie exceptionnelle, avec un superbe son qui a mis en valeur cette pianiste à connaitre absolument. A quand un disque solo qui ferait un malheur ?

Florence Ducommun
Jazz In

Francesca Han